Public Sénat : « Europe Ecologie « condamné à réussir » sa maturation »

François Vignal

Le 04.06.2010 à 17:18

Europe Ecologie tient ce week-end une convention nationale pour définir sa structuration. « Un bide totale », flingue Jean-Vincent Placé, numéro 2 des Verts. « Prématuré de dire si c’est un bide », répond le sénateur Jean Desessard. Comme souvent, rien n’est simple chez les écolos…

Pour sa structuration, Europe Ecologie (EE) retrouve les mêmes travers que les Verts : une fâcheuse tendance à se disputer et à le faire en public. Après les tensions entre Duflot et Cohn-Bendit, voici que la numéro un des Verts et l’un de ses proches, Jean-Vincent Placé, y vont de leur désaccord.  Selon lui, la structuration d’Europe Ecologie est carrément un « bide total », comme la campagne d’adhésion. « Je pense qu’il a tort », répond Duflot. Pas très bien venu, à la veille d’une convention nationale d’EE consacrée justement à l’organisation du mouvement.

« Le débat est peut-être technique, mais il est nécessaire et surtout fait avec sincérité », fait valoir la secrétaire nationale des Verts. Jean Desessard, sénateur Verts de Paris joint par Public Sénat, ne dit pas autre chose : « Europe Ecologie n’a pas de méthode de fonctionnement. Certains renâclent à avancer car c’est compliqué. Mais il faut trouver les structures pour continuer ». Lui non plus n’a pas beaucoup apprécié la sortie de Placé : « A la veille de la convention, c’est prématuré de dire si c’est un bide ou ce n’est pas un bide. On a un défi à relever ».

Quant à la question des adhérents – 3.000 Verts sur 12.000 ont rejoint EE par simple clic sur son site internet et 3.000 non-Verts sont prêts à acquitter les 20 euros d’adhésion  – Jean Desessard, souligne que « demander aux gens de venir débattre d’une chose qui n’est pas trop clair, ce n’est pas facile… »

Pour se structurer, Europe Ecologie a trois options sur la table :

  • Une fédération, où les différentes composantes cohabitent. Soit les Verts et d’autres courants qui s’organisent dans une sorte de Parlement.
  • La fondation d’un nouveau parti. « Ce sont les Verts qui continuent sous une autre forme. Ça pourrait s’appeler Europe Ecologie-les Verts », explique Jean Desessard.
  • Une coopérative, option qui sera défendue samedi par Marie Bové, fille de José. « C’est l’idée que chacun est acteur, a un rôle à jouer. C’est entre la fédération et le mouvement unique », pour Desessard.

La convention nationale de samedi n’est qu’une étape dans le long processus de construction. Après avoir clairement précisé les textes des « trois grandes orientations », les adhérents en débattront lors « d’ateliers » dans les départements et régions, suivis d’une « synthèse » en juillet. L’objectif est d’avoir « des propositions concrètes pour les nouveaux statuts » lors des journées d’été des écologistes le 20 août à Nantes, pour au final trancher sur une des trois formes lors des assises fondatrices d’Europe Ecologie, qui devraient se tenir le 15 novembre. A moins que… « on choisisse une forme mixte entre la fédération et le parti, c’est possible », espère Jean Desessard, qui milite pour cette voie.

Une chose est sûr, après les succès des européennes et des régionales, la structuration d’EE n’est pas simple. Mais pour le sénateur Vert, « on est condamné à réussir ! ». Au-delà des personnes, de l’organisation et de la stratégie, les écolos n’ont pas d’autre choix que de s’entendre s’ils veulent transformer l’essai en 2012.

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