"Squatté, évacué et toujours inoccupé" (Libération)

Société 02/02/2010

Par TONINO SERAFINI

La mairie a demandé au préfet de réquisitionner l’immeuble. L’Etat a refusé.

C’est un petit immeuble du chic VIIe arrondissement de Paris. Ce bâtiment vide depuis une dizaine d’années avait été squatté en avril 2008 par huit étudiants et salariés précaires qui se définissaient comme des «galériens du logement» (Libération du 13 mars 2009). Les occupants ont fini par déguerpir lorsque le tribunal d’instance les a condamnés à verser à la propriétaire des indemnités d’occupation qui atteignaient 85 000 euros. Les occupants sont partis fin juin. Immédiatement, la propriétaire, 75 ans, qui possède aussi un hôtel particulier à Neuilly-sur-Seine également vide depuis des années, a fait murer le rez-de-chaussée. Depuis, rien. Mais elle poursuit en justice les anciens occupants, pour leur faire payer les indemnités. Ces jeunes de 20 à 27 ans disposant de très peu de revenus, ont tous été contraints de monter des dossiers de surendettement pour suspendre la procédure engagée à leur encontre. Leurs comptes ont été saisis. La ville de Paris, a demandé au préfet de réquisitionner l’immeuble. Mais l’Etat n’a pas suivi. Face à la pression, la propriétaire est entrée en contact avec la ville. A priori, elle envisage de vendre son immeuble à la Siemp, une société de logement social de la ville. A moins que ce ne soit une ruse pour gagner du temps, et laisser passer la tempête.

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Pour mémoire,  Jean Desessard avait interrogé le Secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, sur l’application de la loi sur les réquisitions à Paris.