Edito du 6 Février 2012 : Paroles, paroles…


Il y a quelques jours, lors d’une de ses multiples interventions, M. Sarkozy annonce une grande réforme de la formation professionnelle.

Ainsi décide-t- il de confier à M. Larcher une mission pour que la formation s’adresse prioritairement aux demandeurs d’emploi,  pour inciter les entreprise à former leurs salariés et mieux faire correspondre les besoins des entreprises et les formations.

Si une réforme d’envergure de la formation professionnelle est une nécessité dans notre société en crise, c’est bien dommage que cette déclaration arrive à seulement quelques semaines des élections présidentielles. Les paroles ne suffisent plus : ce sont les projets votés et non appliqués qu’il faut mettre en oeuvre, un rapport supplémentaire est inutile.

Prenons un exemple : la précarité énergétique, c’est-à-dire la grande difficulté, voire l’incapacité à payer son chauffage, touche actuellement 3,8 millions de foyers en France, soit 9 millions de personnes (Chiffres de la Fondation Abbé Pierre publiés jeudi 2 février). Or les travaux du Grenelle de l’environnement ont montré qu’il existait une manière extrêmement efficace de diminuer sa consommation, donc le coût  de l’énergie de 40% à 100%. Ce sont la rénovation et la construction d’habitats à basse consommation, voire de maisons passives (soit sans dépense énergétique pour se chauffer l’hiver) qui peuvent permettre cette économie massive. La loi de juillet 2010, issue du Grenelle allait dans ce sens.

C’est possible, il faut le vouloir. Pour que ces travaux et cette loi soient effectifs, il faudrait investir dans la formation précise de l’écohabitat. Il faudrait former des milliers d’ouvriers pour répondre ne serait ce qu’aux commandes actuellement passées par les familles, les organismes sociaux  ou les collectivités locales et qui sont considérablement ralenties faute de personnel qualifié!

Mais de ces situations concrètes, M. Sarkozy , malheureusement pas un mot. Vous voulez former des chômeurs ? Et bien qu’attendez vous pour définir les priorités de ce pays face aux besoins sociaux et aux enjeux écologiques majeurs pour que ces formations aboutissent à des emplois durables et d’utilité générale? Qu’attendez-vous, plutôt que de refaire une énième loi, pour répondre aux 44% de chômeurs qui demandent une formation et les employeurs des secteurs porteurs dont les demandes restent lettre morte depuis des années?

Ainsi  ces beaux discours sont-ils bien plus un bilan de ce que vous n’avez pas fait, M. Sarkozy, qu’une quelconque action de président. C’est en tout cas la démonstration qu’il est temps, M. le président, de laisser la main.