Depuis 10 ans le recrutement de pompiers volontaires est en perte de vitesse. Je suis intervenu au sénat en faveur d’un projet de loi visant à ouvrir la formation de pompiers volontaires aux jeunes du service civique.
Voici le texte de mon intervention du 19 novembre.
M. Jean Desessard. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, c’est avec plaisir que j’interviens dans ce débat, pour des raisons de fond, tout d’abord, car le groupe écologiste votera cette proposition de loi, mais aussi parce qu’il me rappelle des souvenirs d’enfance.
Je me souviens de la sirène qui se faisait entendre dans ma petite ville de Maine-et-Loire…
M. Philippe Bas (président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d’administration générale). C’était la même chez moi !
M. Jean Desessard. Nous arrêtions de jouer, et nous comptions le nombre de sonneries qui indiquait l’intensité du feu. Je revois l’image de mon père, pompier volontaire, qui, comme d’autres, ouvriers, artisans, employés, posait son marteau de charpentier pour rejoindre la caserne à toute vitesse sur sa mobylette. Je me souviens de ses absences, sources d’inquiétude, les soirs de feu de forêt important.
Je pourrais vous parler encore longuement de ce que représentaient les manœuvres et les exercices de préparation le week-end, le cérémonial de la vente des calendriers, etc. Au-delà de la nostalgie, ces images symbolisent l’engagement au service des autres des sapeurs-pompiers et la fierté qui en résultait.
Comme M. Courteau, je déplore de la baisse des effectifs, et je m’en inquiète. Notre collègue l’a rappelé, les raisons de cet essoufflement de l’engagement sont multiples : la montée de l’individualisme, la difficile conciliation avec la vie familiale, les cadences de l’entreprise, la fermeture de nombreux centres de secours…
Les sapeurs-pompiers volontaires sont pourtant un pilier indispensable de notre sécurité civile : ils représentent – M. le ministre l’a rappelé – 79 % du total des effectifs des sapeurs-pompiers et assurent 69 % du temps total des interventions. Ces volontaires sont jeunes – un quart d’entre eux ont moins de vingt-cinq ans –, et ils risquent parfois leur vie pour notre sécurité. Entre 2003 et 2013, 131 sapeurs-pompiers ont en effet perdu la vie dans l’exercice de leurs missions.
La proposition de loi que nous examinons aujourd’hui vise à endiguer le recul constant de l’engagement chez les sapeurs-pompiers volontaires. Pour ce faire, notre collègue Roland Courteau propose de s’appuyer sur un dispositif existant : le service civique.
Aujourd’hui, les engagés au sein du service civique qui choisissent d’exercer auprès des pompiers ne peuvent effectuer de missions opérationnelles, ils sont là en soutien. L’objet de cette proposition de loi est donc simple : il s’agit de permettre aux volontaires du service civique de suivre la formation initiale et de devenir ainsi sapeurs-pompiers volontaires durant leur temps d’engagement.
M. Courteau l’a rappelé, cette nouvelle disposition ne réglera pas tout le problème de la baisse des effectifs. Il faut cependant saluer les initiatives qui apportent des solutions concrètes, et notre collègue Roland Courteau a le mérite d’alerter le législateur sur la situation des sapeurs-pompiers volontaires tout en proposant un dispositif législatif simple et facilement applicable.
Mobiliser tous les outils à notre disposition pour soutenir l’engagement au sein des sapeurs-pompiers est fondamental. À notre époque, placée sous le signe de l’individualisme, de la dilution du lien social et de l’argent-roi, l’engagement volontaire est un acte précieux pour toute la collectivité.
M. Roland Courteau. Très bien !
M. Jean Desessard. En conséquence, les écologistes soutiennent l’engagement dans le service public. Ils soutiennent l’engagement des sapeurs-pompiers volontaires. Ce sont donc deux bonnes raisons pour voter la proposition de loi.
M. Roland Courteau. Merci !
M. Jean Desessard. Je veux saluer, moi aussi, l’extrême sensibilité de M. Courteau aux problèmes du quotidien et sa volonté de les résoudre. Monsieur Courteau, merci ! Vous avez tout notre soutien ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du RDSE, ainsi que sur quelques travées de l’UDI-UC et de l’UMP.)